Un titre épique, homérique même, pour une conférence sur la data, l’IA et la transformation digitale des cabinets ? Oui, c’est normal pour l’une des plus stimulantes aventures de notre époque … qui réclame sang-froid et clairvoyance, sens de l’adaptation et persévérance, curiosité et esprit de conquête ! Retour sur cette brillante séquence sur la saga de la data, qui s’est jouée le 1er septembre 2020 au Palais des congrès de Paris.

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A la baguette, Cyril Degrilart, chef de projet du Lab50 et animateur inspiré. Il fallait toute sa connaissance du sujet, sa pédagogie et son autorité souriante pour orchestrer une telle rencontre sur un sujet aussi capital, avec un plateau très relevé d’experts et praticiens de la donnée qui comptent parmi les forces vives du Lab50 et précurseurs de la profession comptable de demain.

Objectif : éclairer, rassurer et mobiliser EC et CAC (et leurs collaborateurs), les inciter à se former pour tirer le meilleur profit de la data et dessiner l’avenir d’une profession qui produit, centralise et analyse énormément de données mais qui ne sait pas toujours les valoriser … ni se valoriser en tant que profession « data centric ».

« Vous créez beaucoup de données, c’est un fait. Mais êtes-vous certains de les exploiter au mieux, d’en tirer tout le bénéfice possible pour votre cabinet ? »,

demanda Cyril Degrilart d’entrée. LA question au cœur de ce rendez-vous, un combat commun à tous les professionnels du chiffre, à tous les cabinets, à toutes les générations.

Car la maîtrise de la data, c’est davantage de précision et de sécurité dans nos travaux, plus de valeur créée et donc un gain économique mais aussi un bénéfice d’image et d’attractivité … A condition d’avoir pris la mesure de l’importance des sources des données, de comprendre très concrètement comment les exploiter et de passer à l’action.

Premier intervenant à « pitcher » sur la data : Julien Krywyk, data scientist, co-fondateur de Well and wiz. Dressant une cartographie des sources de données comptables – bilans, comptes de résultat, FEC, DSN … -, il souligna leur diversité, l’exigence de fiabilité et de qualité et l’importance de la notion « data driven » qui oriente toute la chaîne de valeur. Son conseil :

« S’intéresser aux différentes sources de données et à la valeur qu’elles représentent. »

David Renou, expert-comptable et commissaire aux comptes et utilisateur de l’application Power BI dans ses missions d’audit, mit en évidence les gains de productivité. A commencer par le temps gagné dans le traitement des fichiers. Mot d’ordre : chasse au gaspi des tâches répétitives à faible valeur ajoutée !

« … Ce qui nous a amenés à mieux observer le travail des collaborateurs et à les prendre pleinement en compte dans l’intégration de cet outil. »

Qui reste un outil, pas une fin en soi.

Des outils, Eléonore Caiveau-Partula nous en a fait « voir » à sa façon. Cette brillante diplômée d’expertise comptable en cours de création de son cabinet et lauréate du prix du mémoire du futur du Lab50 est incollable sur la data visualisation. Une technologie nouvelle ? Voire !

« La data visualisation, on en fait depuis très longtemps. Toutes les restitutions sur Excel – tableaux, graphiques, histogrammes, etc.- sont une forme de data visualisation. Mais on peut maintenant automatiser le processus, avec des options visuelles dynamiques, beaucoup plus nombreuses et de bien meilleure qualité ».

Et de rappeler les avancées technologiques réalisées depuis environ cinq ans dans ce domaine et très prometteuses en termes de nouvelles missions ! Car ces outils permettent de dégager pour ainsi dire du temps de cerveau disponible pour les clients. De façon à s’inscrire au cœur de leur modèle opérationnel et d’optimiser leur business en leur délivrant de l’information stratégique « avec un haut niveau de fiabilité des données et une amélioration de l’analyse prédictive. »

De nouvelles missions, davantage de valeur créée, un partenariat data stratégique avec les clients ? A la bonne heure ! Mais comment faire ?

Pour Françoise le Pavec, expert-comptable et spécialiste de l’application Power BI, la clé réside dans la formation, la capacité opérationnelle à utiliser ces nouveaux outils, à modéliser les données, à changer ses méthodes de travail. Et dans le recrutement de spécialistes – data analystes et autres consultants « data fi », informaticiens, statisticiens …

« La donnée comptable et financière est complexe. Connecter les tableaux de bord sur la data, gérer les nouveaux outils qui intègrent de l’intelligence artificielle, passer du descriptif à l’analyse prédictive et à des prédictions poussées ne va pas de soi. Il faut se former mais aussi faire appel à des compétences spécifiques. »

Et de plaider pour une approche pluridisciplinaire et une forme nouvelle d’interprofessionalité.

John Levy, co-fondateur de Well & Wiz et mémorialiste, nous a éclairés sur le data thinking après avoir rappelé que « les cabinets sont assis sur une manne : la data ! » Un trésor insuffisamment exploité. Or,

« La technologie permet un libre accès à cette data. Il y a une carte à jouer pour la profession car nous sommes des acteurs majeurs de l’analyse des données. Le data thinking va nous permettre d’aller beaucoup plus loin dans cette analyse. »

Pensez data et adoptez le réflexe « pilotage de l’entreprise par la data » ! Mais une data traitée et mise en perspective par l’esprit humain, pour des hommes et des femmes, au service d’un management humain.

Même position pour Alexis Slama, fondateur de Booster Digital, cabinet de conseil pour les EC et CAC. La data doit être au service de l’Homme et d’un pilotage humain des organisations. Foin de la légende des robots qui prennent le contrôle !

La technologie a engendré des avancées considérables dans les CRM et autres outils de gestion des clients. Mais derrière les machines il y a des intentions, des stratégies de business, des intelligences capables d’interpréter et d’exploiter les remontées d’informations.

« L’humain est au centre de la data. La profession est au centre de la data. Ce qui fait qu’elle est un métier d’avenir, surtout si les cabinets parviennent à associer à la problématique de la data toutes leurs parties prenantes. »

Et de détailler les pistes pour passer concrètement d’un Excel à un CRM, autrement dit de « l’ancien monde » de la relation client à la nouvelle ère … A cet égard, le GT Clients auquel Alexis participe a débuté une série d’articles sur le sujet. Pour consulter le 1er volet, c’est par ici.

La nouvelle ère, Serge Yablonsky la parcourt et contribue à la faire advenir depuis des années. EC et CAC mais aussi auditeur informatique certifié CISA, il fait figure de pionnier et d’éclaireur dans la stratégie d’innovation de notre profession. Sa prise de position s’est voulue éclairante et rassurante.

« Il existe une peur de l’IA. Aller vers la confiance dans l’IA est indispensable. » Comment ? En expliquant. En faisant comprendre la complexité des algorithmes et des concepts qui leur sont liés, par exemple celui de transparence. En déterminant et en diffusant les bonnes pratiques. Et en instituant des tiers de confiance qui vérifient et certifient … à l’instar des CAC, dont la vocation de « commissaires aux algorithmes » s’impose à l’évidence !

« L’audit de l’IA est aujourd’hui possible. Il faut un référentiel de bonnes pratiques et un guide d’audit (questionnaires, check-lists, matrices, tests d’audit …). Plusieurs instances au niveau international travaillent sur les bonnes pratiques, les exigences auxquelles doivent répondre les algorithmes. »

Le groupe de travail « commissariat aux algorithmes et aux données » de l’Académie des Sciences et Techniques Comptables et Financières vient de publier son Livre blanc, à l’intitulé explicite : « L’avenir du développement de l’IA passe par la présence d’une IA digne d’humanité, de confiance et responsable ». (Consultable ici)

Suivirent sur scène trois éminents représentants de la nouvelle génération d’experts-comptables et de commissaires aux comptes, particulièrement actifs au sein du Lab50.

Elisa Tomasini-Bartoli, auteur d’un mémoire de référence sur l’expert augmenté, livra sa vision du métier et de l’avenir de la profession sous le signe de l’optimisme, du volontarisme et de convictions bien trempées sur les bienfaits de l’IA.

Le numérique et les évolutions technologiques facilitent le quotidien en général, modifient les attentes des clients et donnent un nouveau visage au cabinet de demain. Avec du temps gagné grâce à l’automatisation de la saisie, une montée en puissance de l’analyse prédictive « et l’affirmation de notre rôle de coach et de copilote du chef d’entreprise. L’expert-comptable est au cœur du nouveau processus décisionnel dans l’entreprise. »

Quant à considérer que la machine va remplacer l’homme, à ses yeux aucun risque.

« Les compétences relationnelles sont irremplaçables. La technologie, c’est d’abord une histoire d’humain ! »

Affirmation étayée par l’intervention de Romain Froment, auteur d’un remarquable mémoire sur les chatbots. Ces « agents conversationnels » occupent de plus en plus le terrain (des marques, des sites marchands, des services bancaires ou autres), ils sont commodes, ils répondent à toutes sortes de questions pratiques. Au point, pour les clients des cabinets, de les préférer aux interlocuteurs en chair et en os ?

« Cette question date en réalité de plusieurs millénaires. L’IA ne fait que reposer la question de la machine et de son lien à l’humain. » Rien de nouveau sous le soleil ? Si, car « il faut comprendre les enjeux propres à notre époque et à notre métier, et commencer à apprendre l’algorithmie, créer nos propres modèles. Le chatbot est l’outil idéal pour apprendre à interagir avec la machine. »

Celle-ci devient apprenante et parvient peu à peu à réaliser en toute autonomie certaines tâches de façon particulièrement fiable. Il faut considérer le chatbot comme un allié. Pourquoi se priver d’un tel outil qui répond facilement, rapidement et pour pas cher aux questions faciles des clients ?

On peut en escompter d’autres bénéfices.

« Le collaborateur va découvrir l’IA à travers le chatbot, le cabinet va mettre un coup de boost sur sa transformation digitale, et le client va découvrir de nouvelles expériences utilisateurs, et parfois même être impliqué dans les équipes de prod des chatbot ! »

Ce qui permettra de regarder comment les clients travaillent. Moralité : répondons présent à l’appel des chatbots !

Juan Quevauvillers fit écho à ce mot d’ordre en expliquant que la data est un levier essentiel pour rendre les audits plus efficients. Il faut aller plus loin !

« N’hésitons pas à proposer une assistance à nos clients pour l’automatisation de leurs process. Nous sommes totalement légitimes pour le faire, qu’il s’agisse de tableaux de bord, de l’élaboration du manuel des procédures, de l’aide à la mise en place d’un ERP … »

Charge à chacun de faire mieux connaître et reconnaître cette dimension stratégique et à haute valeur ajoutée de notre profession. Et de se réinventer à l’aune de la révolution de la data.

Pour aider les professionnels, le GT Data du Lab50, dont Juan est membre, a publié une fiche pratique pour réaliser des missions d’accompagnement à l’automatisation des processus du client par la dématérialisation et la fiabilisation des données, téléchargeable ici.

C’est le message que délivrèrent Julie Amsellem et Grégory Prouvost.

« Producteurs de l’information comptable et financière, les cabinets doivent changer leur manière d’exploiter la data grâce à l’IA en la transformant en informations, levier de nouvelles missions et de business models repensés », argua Julie.

Le « live data » permet d’accompagner les clients sur des prévisionnels et de réaliser des analyses sectorielles avec des données actualisées.

« Cessons de parler de données historiques. Revoyons notre offre à partir de données fraîches et mettons beaucoup d’énergie sur la restitution de la data. Il en va de notre rôle d’accompagnement stratégique. »

Grégory, last but not least intervenant, a fait part de son expérience de reprise d’un cabinet. Qui s’est notamment traduite par un audit des compétences et des ressources, un plan de formation des équipes et une réflexion sur les outils d’exploitation et d’interconnexion de la data.

« Il ne faut pas hésiter à faire appel à des prestataires extérieurs pour nous assister dans nos missions étant donné l’importance cruciale de la data et de la fonction SI dans les cabinets. »

Et puis il est impératif de savoir communiquer. Aucun chatbot, aucun algorithme au monde ne permettront de faire connaître les nouveaux services et la proposition de valeur augmentée de votre cabinet.

En conclusion, cette très riche table-ronde avec des « combattants » de la donnée a talentueusement montré que la conquête de la data est déclarée. Et que les experts-comptables et commissaires aux comptes sont particulièrement bien armés pour la gagner.

Un combat homérique à l’ère du numérique ? Peut-être ! Mais une bataille de l’intelligence et de l’adaptation que la profession peut livrer avec confiance et détermination. Le périple est loin d’être terminé : l’Odyssée ne fait que commencer. Longue sera la route, ardue l’épopée, mais ô combien exaltante !

Voir ou revoir la conférence :

Photos de la conférence :

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